Retour sur le Rendez-vous des Jeunes Mathématiciennes organisé à l’École Normale Supérieure (ENS) de Lyon les 22 et 23 février 2020 !

Partant du constat alarmant que, si la parité est à peu près assurée dans les filières scientifiques jusqu’en terminale, la proportion de filles diminue drastiquement dans l’enseignement supérieur, les associations Animath et Femmes des mathématiques organisent depuis quatre ans les Rendez-vous des jeunes mathématiciennes (RJM). Ces stages d’une durée de deux à trois jours destinés à des lycéennes scolarisées en 1ère ou en Terminale scientifique visent à encourager les jeunes filles à poursuivre des études mathématiques en leur faisant découvrir les merveilles du monde de la recherche à travers conférences, speed-meeting avec des étudiantes et réflexions en petits groupes autour de problèmes de mathématiques originaux. Au-delà d’éveiller leur curiosité sur des sujets mathématiques et de répondre à leurs questions concernant l’enseignement supérieur, ces stages visent à repenser la place des femmes en sciences et à combattre les stéréotypes de genre qui conduisent à des chiffres désolants : aujourd’hui, les femmes ne représentent que 20 % des chercheur·euses.

Samedi : arrivée des participantes

Entre 9 heures et 10 heures, les participantes sont accueillies par les organisateur·trices aux gares de Part-Dieu et de Perrache. Elles viennent d’horizons très différents : nombreuses sont celles qui viennent de la région lyonnaise, mais certaines ont fait le trajet depuis Strasbourg !

À 10 heures a lieu la réunion de présentation des RJM et le discours de bienvenue. Les quatre organisateur·trices, des étudiants en sciences à Lyon, présentent les problèmes qu’ils vont encadrer. Les problèmes ont volontairement été choisis plus difficiles que ceux que les participantes ont l’habitude de résoudre pour leur donner la liberté d’être imaginatives, ce qu’elles ont moins l’occasion de faire dans le cadre du lycée. Entre un sujet d’algèbre générale, un problème d’analyse fonctionnelle, un sujet de graphes et de matrices et un sujet de suites numériques, les étudiantes ont de quoi explorer un large domaine des mathématiques ! Malheureusement, le stage ne dure que deux jours et, à défaut d’avoir un « retourneur de temps », elles devront choisir l’un des problèmes. 

Leur choix effectué, elles se répartissent en groupes de sept et les ateliers de recherche peuvent commencer !

Équations diophantiennes, goûter et passion pour les mathématiques

Après le déjeuner sur le site Descartes des littéraires, les activités mathématiques reprennent sur le site Monod avec une conférence sur les équations diophantiennes donnée par Sally Gilles, doctorante en théorie des nombres à l’ENS Lyon.

Jusqu’à présent, le week-end se déroule exactement comme nous l’avions prévu. Mais alors que nous nous félicitons de la précision de cette organisation et que nous prenons tranquillement place en salle passerelle1 pour le traditionnel goûter, un événement inattendu vient troubler tous les rouages de la logistique : la rencontre d’étudiant·e·s passionné·e·s de mathématiques qui ont visiblement très envie de partager leur passion avec nos élèves. La salle passerelle de l’ENS de Lyon est un lieu de rencontre des étudiant·e·s, professeur·e·s et chercheur·se·s en mathématiques à l’ENS de Lyon. On peut notamment y trouver des tableaux, des craies et du café, composants essentiels de la vie d’un·e mathématicien·ne.   

Le temps passe, et avec lui l’espoir de finir le programme de la journée dans les temps impartis…

Nous sommes alors face à un dilemme cornélien :

Faut-il de notre éclat voir triompher le plaisir des maths, et finir sans atelier de recherche ou reprendre le cours du programme sans ces exposés ?  

Le Cid, Corneille, acte I scène 4 : « Faut-il de votre éclat voir triompher le Comte // Et mourir sans vengeance ou vivre dans la honte ? » (Monologue de Don Diègue)

Finalement, le désir de parler de maths avec ces normalien·ne·s l’emporte sur celui de finir la journée à l’heure et nous reprenons les ateliers de recherche avec près d’une heure de retard. Mais peu importe : les lycéennes ont eu un aperçu de la recherche scientifique et ont sans doute compris le sens « d’émulation scientifique » lors de ce goûter mathématique improvisé.

Présentation de l’ENS et de l’enseignement supérieur

La journée se termine avec un exposé sur les formations supérieures et une présentation de l’ENS de Lyon durant lequel nous tentons de répondre aux interrogations des lycéennes quant à leur orientation.

Vers 23 heures, les participantes sont raccompagnées à l’hôtel pour se reposer avant la seconde journée des RJM, qui s’annonce tout aussi chargée que la première !

Dimanche : atelier stéréotypes

Comment peut-on expliquer la diminution du nombre de filles dans les mathématiques après le bac scientifique ? Est-ce par un manque d’information, par un désintérêt pour la matière ou, bien pire, par des stéréotypes de genre qui conditionneraient les choix d’orientation des jeunes filles dans l’enseignement supérieur et qui les conduiraient à l’auto-censure ? C’est précisément la question à laquelle nous avons tenté de répondre lors de l’atelier du dimanche matin consacré aux stéréotypes freinant les ambitions mathématiques des filles. 

L’exposé a également été l’occasion pour les lycéennes de partager leurs expériences personnelles et d’échanger sur la discrimination latente dont elles étaient les victimes, le but étant qu’elles se sentent enfin légitimes dans un monde des mathématiques parfois composé de plus de 80% d’hommes.

Seconde conférence et speed-meetings

À 11 heures, Alice Guionnet, chargée de recherche au CNRS et référence mondiale en probabilités, nous présente un exposé intitulé « Vieillissement : un mouvement perpétuel ? ».

Après une dernière séance avec leurs encadrant·es durant laquelle elles ont préparé l’oral de l’après-midi, les participantes ont eu l’opportunité de rencontrer cinq normaliennes en sciences : Sofiya en mathématiques, Pegah (avec qui elles avaient déjà pu parler de graphes la veille), Lison en informatique et Mathilde en physique. Sophie, de l’équipe d’organisation des RJM a également échangé avec elles sur sa formation en école d’ingénieur, à l’INSA. Elles viennent de prépa, de l’université ou ont intégré une école post bac mais toutes ont un point commun : elles ont été confrontées aux mathématiques à un moment de leur formation.

Restitution des ateliers de recherche

Après les speed-meeting et le goûter vient le moment tant redouté du week-end : les exposés ! Devant un amphithéâtre rempli par des parents venus voir le travail de leurs filles, les participantes présentent les résultats qu’elles ont obtenus avec leurs encadrant·e·s pendant les ateliers de recherche. 

Conclusion du RJM

Après de belles présentations au cours desquelles les participantes ont montré tout le profit qu’elles avaient tiré du stage, le week-end s’achève déjà et il ne nous reste plus qu’à nous dire au revoir.

Cette expérience fut un réel enrichissement pour tous·tes. Merci aux acteur·trice·s et organinsateur·trice·s de ce projet, merci à toutes ces lycéennes motivées, douées et désireuses d’apprendre qui, en plus de porter en elles l’espoir d’une ouverture plus ample des carrières scientifiques aux femmes, nous ont rappelé que les mathématiques pouvaient être un jeu.

Article écrit par Sasha Bontemps, co-organisatrice du RJM de Lyon en 2020.

Cet événement a été organisé par l’École Normale Supérieure de Lyon, Animath et femmes et mathématiques, avec le soutien de la Fondation Blaise Pascal.

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Organisateurs :

ENS Lyon

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